Mobiliser des compétences linguistiques et culturelles - l'organisation du service des langues dans l'armée française pendant la PremiÈre Guerre mondiale

Abstract

Il y a eu, somme tout, relativement peu de travaux sur le Front d’Orient de la Première Guerre mondiale, à l’exception de quelques chantiers très précis comme celui de l’expérience des ANZAC à Gallipoli. Ces travaux font tous l’impasse sur la question des problèmes linguistiques pouvant surgir à la fois à l’intérieur de la coalition alliée (troupes parlant anglais, français, italien, serbe, russe, grec et les langues des contingents coloniaux) et face à un ennemi linguistiquement divers (turc, bulgare, allemand, hongrois, albanais). Tout au long de la mise en place du C.E.O. (Corps expéditionnaire d’Orient), qui deviendra ensuite le C.E.D. (Corps expéditionnaire des Dardanelles) pour enfin former l’A.O. (Armée d’Orient) en 1916 et l’A.F.O. (Armée Française d’Orient) à partir d’octobre 1918, l’Armée fera un effort particulier pour recruter des linguistes compétents pour épauler les efforts des contingents d’Orient, que ce soit dans la coordination entre alliées ou dans l’interrogatoire de prisonniers de guerre, par exemple. Le témoignage sans doute le mieux connu de cet effort sont les mémoires de Jérôme Carcopino qui se trouve à partir de 1916 à la tête du 2e Bureau de l’Armée d’Orient et qui a dirige le corps des interprètes militaires, dont Jean Deny pour la langue turque. Cette communication explorera ces stratégies de recrutement à partir des archives militaires conservées au Service Historique de la Défense ainsi qu’à partir des nombreux égo-documents, publiés ou non. Quelles populations sont visées ? Par quels moyens l’Armée réussit-elle à repérer les locuteurs des langues nécessaires ? Comment le service est-il organisé et pour quel emploi ? Ces stratégies qui répondent en premier lieu à des besoins militaires concrets en disent long sur la perception des spécialistes en langues orientales par l’institution militaire et la société plus large.

Date
Mar 26, 2010
Location
Ecole Normale Supérieure
Paris,
Franziska Heimburger
Franziska Heimburger
Senior Lecturer in British History

My research interests include 19th and 20th century cultural history of military conflicts and language policy in military coalitions.